«Ce sont les grands groupes, les lobbys, les financiers qui gèrent le monde. Même si nos hommes politiques voulaient faire quelque chose, ils ne le pourraient pas.» Jérémy, 28 ans, employé de Marine Harvest à Poullaouen (Finistère) depuis sept ans, ne se fait guère d'illusion. Ses préoccupations sont loin de l'écotaxe, dont le principe lui apparaît «relativement légitime». Son inquiétude ? De ne plus avoir demain qu'un «salaire à trois chiffres» et de se dire que sa fille, âgée d'un an et une semaine, pourrait un jour ne plus en avoir «que deux».
Depuis lundi, comme des dizaines d'autres employés de la filiale de Marine Harvest, géant norvégien du saumon, promise à la fermeture en 2014, Jérémy se retrouve régulièrement au bord de la route Carhaix-Morlaix, sous un grand barnum blanc où l'on partage cafés et sandwichs. Près du bitume, un feu de palettes et de pneus brûle jour et nuit, interdisant tout accès à l'usine de transformation. Tous ou presque sont revêtus d'un tee-shirt orange frappé dans le dos de la mention «salariés en colère».
Parapluie. Une intervention, une aide du gouvernement ? La plupart n'y croient pas un instant. Qu'il s'agisse de leur usine ou des problèmes de l'agroalimentaire en général. «Hollande avait promis du changement, il a suscité beaucoup d'espoir mais les gens sont très très déçus, insiste Séverine, 37 ans. De toute façon, c'est l'Europe qui décide de t