Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, défend le rôle de l’Etat dans la lutte contre la multiplication des plans sociaux.
On assiste à une nouvelle vague de plans de suppression d’emplois. Est-ce le signe que la crise est toujours devant nous ?
Nous sommes devant des signaux contradictoires. D’un côté, l’indice de la production industrielle repart, le moral des entreprises se redresse et la croissance revient. De l’autre, les défaillances d’entreprises, notamment des petites entreprises, sont reparties à la hausse au troisième trimestre. C’est le signe que la crise se prolonge trop, et que la reprise en Europe n’est pas encore suffisante, et qu’il faut la pousser plus fort.
L’Etat éprouve-t-il un sentiment d’impuissance ?
Il n'y a aucun sentiment d'impuissance. L'Etat peut beaucoup et le prouve chaque jour. Il peut beaucoup pour préserver les outils industriels, les savoir-faire, les emplois. Depuis que je suis à la tête de mon ministère, j'ai eu à traiter 1 075 dossiers d'entreprise en difficulté, représentant au total 154 900 emplois menacés. Grâce à l'action de mes équipes, nous avons pu en préserver près de 139 000. Ce qui veut dire qu'on en a perdu 15 000. C'est beaucoup. Mais il ne faut pas oublier tous les cas d'entreprises qu'on a réussi à sauver et dont on ne parle pas. Je dis aux 22 commissaires au redressement productifs, qui travaillent sur le terrain en régions avec moi : «Prenez des risques, soyez audacieux et je vous couvrirai. Mais ne vous planquez pas, ou alors vous serez virés !»
Pourquoi, alors que les outils de votre politique économique sont désormais opérationnels, les plans sociaux se multiplient ?
On subit les erreurs de stratégie économique de l'Union européenne, enfermée dans son idéologie obsolète. L'euro trop fort dév