Ce sont deux réactions (presque) diamétralement opposées. D'un côté, celle des marchés financiers. De l'autre celle des politiques. Les premiers parlent de «no event» pour expliquer leur quasi-absence de réaction, vendredi matin, juste après que l'agence de notation Standard & Poor's a annoncé qu'elle dégradait la note de la dette souveraine de la France de AA+ à AA. En fin de journée, le taux d'emprunt de référence à dix ans de la France progressait très légèrement à 2,224% (contre 2,158% la veille) sur le marché secondaire, là où s'échangent les titres de la dette publique déjà émise. Mais, du côté des politiques, l'annonce du plus redoutable des trois noteurs que compte la planète finance a fait l'effet d'une douche froide.
Selon l'agence, la France a perdu sa marge de manœuvre budgétaire et donc financière, et n'est pas en mesure de se réformer davantage en raison de la persistance d'un chômage élevé. Tout en estimant qu'il ne lui appartenait pas de «noter les agences de notation» qui «font leur travail», le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a jugé qu'«un certain nombre de jugements apparaissaient excessivement critiques et de nature quelque peu subjective». Faisant valoir que «la note de la France reste […] extrêmement élevée, une des plus élevées à l'échelle mondiale et dans la zone euro», Moscovici a estimé que «les investisseurs peuvent et vont continuer à faire confiance à la France».