Après la dégradation de la note de la France par l’agence Standard & Poor’s, l’économiste Charles Wyplosz, professeur à l’Institut universitaire des études internationales et du développement à Genève, analyse les causes et possibles conséquences de cette situation.
Comment réagissez-vous à cette nouvelle dégradation de la note de la France ?
Ce n’est qu’une demi-surprise même si on ignore toujours le timing des agences de notation. Sans véritable croissance, il n’est pas possible de réduire la dette publique et c’est ce que ne cessent d’indiquer les marchés depuis des mois. Résultat, ils s’inquiètent pour la dette publique et ne croient pas qu’elle va pouvoir être stabilisée. La seule solution pour sortir de l’ornière, c’est la croissance et ils doutent qu’au vu du poids de la fiscalité et de la dépense publique en France, elle puisse repartir significativement. A vouloir l’austérité, on récolte ce qu’on sème.
N’est-ce pas contradictoire dans la mesure où tout ce qui est fait actuellement vise justement à parvenir à ce désendettement ?
C’est là où un peu d’économie permet de comprendre ce qui marche ou pas. Bien sûr que les déficits sont un problème mais la vraie question est de savoir comment on les réduit et quand on le fait. Les réduire en période de récession ne peut pas marcher. Si un patient est dans une situation critique, on ne commence pas par lui imposer un régime drastique pour maigrir. Il faut d’abord qu’il se rétablisse avant d’entamer le régime. Le timing actuel est catastrophique. Veut-on pouvoir soigner un malade qui sera déjà mort ?
Mais l’Europe n’a-t-elle pas cherché justement à rassurer ces marchés en mettant en place cette gouvernance économique corsetant les politiques budgétaires afin de garantir la stabilité de la zone euro ?
Tout ça a bien été fait pour plaire aux marchés, mais c’est une gigantesque erreur de politique économique. Les politiques de conso