Trop forte, l'Allemagne ? Au risque d'indisposer Berlin, la Commission européenne a osé hier déclencher un «examen approfondi» des déséquilibres de l'économie allemande, coupable d'une balance trop opulente de ses comptes courants - commerce extérieur, mais également flux de capitaux qui rentrent plus qu'ils ne sortent du pays. Cette procédure pour excédent excessif est du jamais vu à Bruxelles, qui n'épinglait jusqu'ici que des déficits. Marchant sur des œufs, le président de la Commission, José Manuel Barroso, a expliqué qu'il s'agissait de «voir si l'Allemagne peut faire plus pour aider à rééquilibrer l'économie européenne». Accusé de jouer trop perso, le bon élève de la zone euro a très mal accueilli la critique.
Dès hier, Markus Ferber, député de la CSU (conservateurs bavarois), a dénoncé un «affront incroyable». Outre-Rhin, le monde politique et les médias devraient être, aujourd'hui, à l'unisson : «il n'y a aucun déséquilibre en Allemagne qui nécessiterait une correction de notre politique économique», avait déjà rétorqué le ministère des Finances allemand, fin octobre, à la suite des critiques équivalentes du Trésor américain et du Fonds monétaire international (FMI).
Veau d'or. S'attaquer au veau d'or allemand, c'est contester un système érigé depuis dix ans en modèle intouchable. Et «c'est une excellente nouvelle», s'exclame Thomas Klau, qui dirige l'antenne parisienne du think tank EC