La France semble vivre une révolte fiscale comme son histoire en est friande : mouvements contre les fermiers généraux ou les gabelous, et surtout le papier timbré au XVIIe siècle qui inspire aujourd'hui les bonnets rouges bretons. Les préfets, selon la note confidentielle révélée par le Figaro, s'inquiètent d'«une remise en cause de la légitimité de l'impôt». Cette révolte se joue des corps établis. Les syndicats patronaux ou ouvriers, les partis de droite comme de gauche, les institutions intermédiaires courent après un mouvement qu'ils n'ont pas vu venir et qui se développe hors de leurs appareils. L'UMP cherche à surfer sur le mécontentement, espérant faire de la TVA et de l'écotaxe ses nouveaux thèmes de combat, disputant un électorat d'artisans, d'agriculteurs ou de petits commerçants au FN. Quant à Jean-Luc Mélenchon, après avoir habilement traité les Bretons en colère d'«esclaves», il cherche à récupérer le mouvement contre l'impôt. Les syndicats s'inquiètent à juste titre de cette montée de populisme basiste, de ce mouvement sourd qui échappe aux formats habituels de la contestation sociale. Le gouvernement et le Président, enfoncés dans les abîmes de l'impopularité, paraissent tout aussi désemparés par cette insurrection insaisissable et confuse. Ils ont déjà reculé sur l'écotaxe, la taxation des «pigeons» et de l'épargne. Les contestataires de la TVA sentent le sang. Si Hollande cède une nouvelle fois, ce sera toute sa fin de quinquenn
EDITORIAL
Légitimité
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par François Sergent
publié le 14 novembre 2013 à 21h51
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