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Libération
Récit

Gamme over pour Pleyel

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Le dernier fabricant de pianos encore en activité en France va fermer sa manufacture à Saint-Denis avant la fin de l’année. Une page d’histoire de la musique se tourne.
publié le 15 novembre 2013 à 21h46

Liszt, Debussy, Saint-Saëns y ont joué leurs plus belles partitions. Chopin, qui portait haut l'étendard de la marque au logo rococo, avait coutume de dire : «Quand je me sens en verve et assez fort pour trouver mon propre son, il me faut un piano Pleyel.» C'était au milieu du XIXe siècle. Toute une époque. Celle où la manufacture Pleyel, installée à Saint-Denis, exportait ses pianos en Chine, en Inde, en Europe, en Amérique du Sud… Harmonie, grande légèreté du clavier, puissance des graves, esthétique raffinée…

Futuriste. Près de deux cents ans plus tard, Pleyel est dans les cordes. Le symbole du made in France très haut de gamme de la dernière manufacture française de pianos va bientôt disparaître. «Le temps de terminer notre dernier piano», dit Thierry Dumottier, l'un des 14 salariés qui travaillent dans l'immeuble à façade miroir, à deux pas du Stade de France de la Plaine Saint-Denis. Ce dernier instrument résume toute la stratégie du plus ancien fabricant au monde : un piano à queue à silhouette organique qui prend une allure de coque carénée de bateau. Futuriste, mais pas au point de casser les codes esthétiques du piano, comme le prétendait il y a encore quelques années les dirigeants de Pleyel. C'est donc raté. Difficile de comprendre les déboires d'une des plus prestigieuses marques de pianos au monde sans faire un rapide travelling arrière.

Paris, 1807. Ignaz Pleyel, qui a quitté son Autriche natale