La pauvreté est l’un des sujets économiques et sociologiques les plus étudiés et les plus controversés malgré son apparente évidence. Les données matérielles ne sont qu’un des éléments permettant de compter et aider les populations démunies. D’Adam Smith à John Rawls ou Amartya Sen, philosophes et économistes ont cherché à définir ce phénomène qui remet en cause le contrat social et qui reste rebelle aux politiques et plans trop universels. La pauvreté n’est pas que privation monétaire, comme le disaient les économistes classiques, mais aussi privation de «capabilités», pour reprendre la définition révolutionnaire du Prix Nobel Amartya Sen. C’est-à-dire l’évaluation non seulement de ce que possèdent les individus, mais aussi de leur liberté à choisir leur vie. Rentrent alors en ligne de compte la situation familiale, l’éducation, l’employabilité ou les «valeurs», comme «l’espoir» cher à Esther Duflo. Ces travaux ont influencé les réflexions des politiques et experts sur les inégalités et ont aidé à mieux ajuster les programmes de lutte contre la pauvreté. Le ministère de la Ville qui, en France, gère l’essentiel de ces politiques urbaines, vient ainsi de remettre à jour l’ensemble de son appareil statistique. Les cartes que nous publions en exclusivité font ainsi apparaître de nouveaux territoires de la pauvreté, montrant des quartiers ou des villes jusqu’alors exclus des données administratives. La politique de la ville devrait ainsi devenir plus utile à ses bénéficiaires.
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