Proche de la gauche, professeur à l'Ecole d'économie de Paris et chroniqueur à Libération, Thomas Piketty a proposé dès début 2011 dans Pour une révolution fiscale (La République des idées, éd. Seuil) une grande réforme de la fiscalité «chiffrée et opérationnelle».
Le système actuel est-il en bout de course ?
On assiste à la conjonction de deux phénomènes. On a trop augmenté, d’une part, les impôts ces dernières années en France - cette cure d’austerité fiscale qui était la manière la plus rapide de réduire les déficits a aggravé la crise et limite aujourd’hui la capacité de rebond de la France. On l’a fait, d’autre part, en complexifiant encore plus un système déjà très peu lisible et transparent. Cette politique de la cautère sur une jambe de bois explique une bonne part de la défiance actuelle.
Comment peut-on en sortir ?
Il faut sortir de l’opposition stérile au sein de la majorité entre les tenants d’un socialisme de l’offre et ceux qui défendent une plus grande justice fiscale et les vertus de la redistribution. Une réforme fiscale de grande ampleur permettrait justement de concilier une équité fiscale qui fait cruellement défaut en France et une modernisation du système productif absolument nécessaire pour gagner en compétitivité. Les deux sont intimement liés.
Que proposez-vous concrètement ?
Il s’agit de mettre en place un prélèvement unique, simplifié et à la source regroupant l’actuelle CSG et l’impôt sur le revenu. Un point qui figure par ailleurs dans le programme de François Hollande. Son assiette serait extrêmement large puisqu’il concerner