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TRIBUNE

Immigration : l’Europe a presque tout faux

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par Olivier Pastré, Economiste, professeur à l'université Paris-VIII
publié le 24 novembre 2013 à 18h06

Du vote Front national à Brignoles, aux noyés de Lampedusa, en passant par l’expulsion des Roms, l’immigration fait presque chaque semaine la une. En matière de science économique, il n’est pas de domaine dans lequel la rationalité et le bon sens soient davantage bafoués, dans lequel les contrevérités et les faux débats soient plus nombreux. Il est temps de réagir et de rappeler quelques faits tout simples.

L’immigration a toujours constitué et constituera toujours un des principaux fondements de la croissance économique de longue période et, à ce titre, doit être encouragée. Ce qui est vrai partout et toujours l’est particulièrement en Europe. Les femmes européennes ne font, en moyenne au cours de leur vie, que 1,4 enfant alors qu’il en faudrait 2,1 au moins pour renouveler la population. Par ailleurs, l’âge médian de la population des Quinze, qui est aujourd’hui de 38,5 ans, sera en 2050 de 48,5 ans (l’Europe du Sud tirant vers la sénilité l’Europe du Nord). Même avec un taux de 2,1 enfants par femme et un doublement du flux d’immigration, l’Europe n’assurerait en 2050 qu’un ratio de 2,5 jeunes pour un vieux contre 4 pour 1 aujourd’hui. Comment financera-t-on les retraites européennes ? Et, surtout, comment arrivera-t-on encore à produire «européen» ?

Tous les experts les plus sérieux sont unanimes sur ce point : à l’horizon 2030 (c’est-à-dire demain), il manquera environ 40 millions de personnes sur le marché du travail européen. Il faut donc encourager l’immigration en Eur