Le logiciel libre n'est pas une lubie réservée à la mouvance geek ou alternative : c'est une «utopie concrète», un «idéal social» à même de changer le monde. Sociologue au Centre d'études des techniques, des connaissances et des pratiques de la Sorbonne, Sébastien Broca en est tellement persuadé qu'il a écrit un livre passionnant sur le sujet.
Nés au début des années 80 du refus d'une poignée d'informaticiens de voir le monde du PC privatisé par Microsoft, les logiciels libres reposent sur quatre «libertés» : «Ils peuvent être librement utilisés, copiés, modifiés ou distribués», rappelle d'emblée l'auteur. Et ils sont le plus souvent gratuits. Une hérésie au regard de notre système capitaliste. Et pourtant, ces logiciels dont le code source est ouvert à tous, se sont propagés dans tous les recoins du monde numérique.
Les Linux, Firefox, Apache et autres VLC se sont invités dans l'ordi de Monsieur Tout-le-monde. Ils «propulsent les services des grands noms du Web», comme Google et Facebook, et «ont intégré les systèmes informatiques des grandes entreprises» et administrations. Ils se nichent jusque dans nos smartphones et box internet… et sont utilisés par les militaires. Drôle de paradoxe.
Mais pour exister face au monde propriétaire de Windows ou Apple, le libre a précisément choisi de sortir de l'underground pour s'ouvrir au monde consumériste, raconte Sébastien Broca. Pas vraiment ce qu'avaient prévu les pères fondateurs