Le petit quintal de langoustines frétillantes vient de filer vers la criée, où elles se négocient 10 euros le kilo. Le chalutier bleu mer est rincé à grandes eaux sur le quai de Lesconil. Jean-Paul Biger a une poigne - et une gouaille - impressionnante. «Bien sûr que j'en suis, des bonnets rouges, comment je pourrais ne pas en être ?» Ils tiendraient, à l'entendre, d'un ultime ralliement contre un monde qui se disloque. Voilà trente-trois ans qu'il vit de la mer, trente-trois ans qu'il voit les bateaux disparaître. «Des chalutiers, y en avait 58 quand j'ai commencé. Puis 35 dix ans plus tard. Aujourd'hui, il n'en reste que deux. Marin, c'est génétique, et ça crée jusqu'à cinq emplois indirects.» Or, trop souvent, dit-il, on exclut le pêcheur des débats. Il a ainsi monté une association contre le clapage, le rejet en mer des boues retirées des ports de Loctudy et Lesconil qui s'envasent. «Le conseil général laisse saccager nos plus belles zones de pêche et nous raconte que c'est plus propre qu'avant ! On a beau avoir fait faire une expertise qui prouve l'inverse, tout le monde s'en fout : les dés sont pipés, régionalement, nationalement ou continentalement.»
Il ne resterait donc plus que la bataille locale ? Oui, dit-il. Il flingue l'interdiction de la pêche au-delà des 20 milles : «Bientôt, on aura des caméras à bord et des bracelets électroniques pour nous suivre.» Evoque les quotas qui reviennent à ce «qu'on doive sauver ici le petit