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Libération
Reportage

Quand le «prix correct» ne suffit plus

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Un entrepreneur du BTP relate comment il a perdu 10 contrats en dix-huit mois.
publié le 1er décembre 2013 à 21h26

Michel Loaëc prévient d'emblée : «Je ne donnerai pas de nom. Je ne suis pas un délateur.» Mais ce qu'il voit le choque. A la tête d'Anavelec, une petite entreprise de montage dans le secteur agricole, près de Morlaix (Côtes-d'Armor), il perd des marchés à cause de «confrères qui, eux, ne s'embêtent pas» et font travailler «des Roumains, des Polonais…» Il raconte.

Il y a un an, il installait un système de ventilation chez un éleveur de porc, dans le Sud Finistère. Sur l'exploitation, une équipe montait des distributeurs de soupe pour porcelets : «C'était du matériel allemand, mais j'ai vu surtout des Polonais. Ils sont restés de décembre à mars.» A peu près à la même période, il a perdu un marché : «Une salle de traite automatisée… J'avais fait un prix correct. Mais le collègue qui a eu le marché travaille avec des Polonais.» La perte ne se limite pas à l'installation de l'équipement, elle concerne aussi le service après-vente : «Parce que sur ce genre de matériel, on fait du suivi pendant vingt ans !» Michel Loaëc peut multiplier les exemples. Là, ce sont des distributeurs automatiques de concentrés ; plus loin, des mises aux normes de bâtiments pour les poules pondeuses. Toutes ces améliorations «imposées par l'Europe, dit-il, au nom du bien-être animal», mais pour lesquelles ses concurrents vont chercher des travailleurs d'Europe de l'Est, «plus durs au travail et moins payés».