De mémoire de socialistes, il y a longtemps qu'un sujet européen n'avait fait autant consensus. A six mois des élections, la majorité est prête à la bagarre sur la question des travailleurs low-cost. Pour tenter de désamorcer un dossier dont le Front national fait déjà un redoutable thème de campagne. Et pour «ne pas se faire piéger comme ça s'est passé sur la directive Bolkestein», entend-on ces temps-ci chez des socialistes prêts à faire bloc, fin mai, en faveur d'une «Europe sociale», dans un contexte où les discours pro-européens sont de moins en moins audibles.
Mises en place en 1996 (lire page 4), les règles permettant à un citoyen de l'UE d'aller travailler dans un autre pays sont aujourd'hui détournées : de l'objectif d'encadrer les déplacements de salariés au sein de l'Union, cette directive - dite des travailleurs détachés - est devenue, en période de crise, un outil de baisse des coûts dont certaines entreprises abusent. Notamment dans le bâtiment et l'agroalimentaire. «L'esprit du marché unique, ce n'est pas d'organiser des filières de travailleurs low-cost, défend le socialiste Matthias Fekl. Tant qu'on laissera faire ça, le message européen ne passera pas.»
Discrets. Pendant des mois, et malgré les alertes de parlementaires, François Hollande et son gouvernement sont restés discrets. Le chef de l'Etat s'est tout juste permis fin juin, lors d'une conférence de presse avec la chancel