C'est le baptême du feu social de Thomas Enders. En supprimant 5 800 emplois malgré la bonne santé d'EADS, cet ancien para démontre à nouveau qu'il n'a pas peur de monter au front. S'il réussit cette restructuration, le premier patron allemand d'EADS aura franchi l'un des derniers obstacles qui le séparent de son objectif : faire du géant franco-allemand de l'aéronautique une «entreprise normale», c'est-à-dire centrée sur la rentabilité, et débarrassée autant que faire se peut de l'influence des Etats.
Si sa stratégie est discutée en interne, son bilan de réformateur est impressionnant. Après seulement dix-huit mois aux commandes, il a rassemblé les sièges parisiens et munichois à Toulouse, puis tenté une fusion avec le groupe militaire britannique BAE, abandonnée suite au veto de Berlin en octobre 2012. Malgré cet échec, il conclut un mois plus tard une réforme majeure de la gouvernance, qui acte le départ des actionnaires historiques (Lagardère et Daimler) et réduit considérablement le pouvoir des Etats, malgré l’entrée au capital de l’Allemagne aux côtés de la France (12% chacun).
«Major Tom» (son surnom en interne) n'a pas hésité à s'opposer aux gouvernements. Il a ainsi torpillé la nomination d'Anne Lauvergeon (1), voulue par l'Elysée, à la présidence du conseil d'administration. Et il n'a pas cédé à la pression de Berlin, qui avait gelé 600 millions d'euros d'aides à Airbus pour arracher le transfert d'une partie du bureau d'études toulousain sur son sol. «P