Connaissez-vous l'effet rebond ? Rien à voir, ici, avec l'art du tennis de table, qui permet, d'un coup de poignet pervers, d'envoyer la balle là où l'adversaire ne l'attend pas. Quoique. En économie, l'effet rebond est tout aussi subtil et complexe. Il conduit à ce paradoxe : plus la science et l'industrie recherchent - et trouvent - des gains d'efficacité, en particulier énergétiques, plus nous (sur)consommons. C'est le propos central de Vert paradoxe, le piège des solutions écoénergétiques, du journaliste américain David Owen (Ed. Ecosociété, 2013, 216pp., 19€).
L'effet rebond a été identifié au XIXe siècle par le Britannique William Stanley Jevons. Il remarquait que les hauts fourneaux brûlaient toujours moins de charbon grâce aux percées technologiques, mais que la consommation globale de houille ne cessait de croître à cause de leur nombre toujours plus élevé. Dans son livre, David Owen multiplie les exemples contemporains du même genre. Les avions de ligne consomment environ 75% de carburant de moins qu'au début des années 60, rendant les voyages plus abordables, donc plus fréquents. Idem pour l'automobile.
«La dernière chose dont la Terre a besoin, c'est d'une voiture bon marché qui fait 2 litres aux 100 kilomètres ; une fois que nous l'aurons, il n'y aura plus de barrière à l'acquisition d'un véhicule un peu partout», provoque Owen. TGV, ampoules fluocompactes, frigos et climatiseurs économes, gaz naturel, hydroélectricité, solaire, l'aute