Depuis la route, les toits en pagode caractéristiques des distilleries se succèdent. Aberlour, Glenlivet, Benriach, Tormore… A trois heures d'Edimbourg, la verte région de la Speyside concentre une cinquantaine de distilleries sur quelques dizaines de kilomètres carrés, disséminées dans les douces ondulations du paysage. Au bout de la rue principale du village de Rothes, à proximité d'une petite centrale flambant neuve, flottent des effluves de fermentation, comme autour des distilleries. Normal, c'est du pot ale qu'on évapore, un liquide résiduel de la fabrication du whisky. Le sirop protéiné qu'on en tire ira compléter le régime du bétail local. La chaleur, qui provient de la combustion de bois et de draff, des résidus d'orge recueillis avant la fermentation, sert aussi à produire suffisamment d'électricité pour alimenter 9 000 foyers.
Totem. La nouvelle centrale de Rothes, détenue partiellement et alimentée par un consortium de seize distilleries, représente l'initiative la plus significative de l'industrie du scotch pour verdir son bilan - et un beau succès d'image remporté avec son inauguration par le prince Charles. En Ecosse, où il y a beaucoup de vent, et pas grand monde, le renouvelable est une fierté nationale et un totem pour le parti indépendantiste au pouvoir. L'installation soutenue de fermes éoliennes, à terre ou en mer, devrait permettre au pays de produire l'équivalent de 100% de son électricité à partir