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Libération
Décryptage

Supprimer les 35 heures, un boulot à temps plein

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Revoir la durée légale du travail, l'idée figure parmi les «mesures d'urgence» présentées mercredi par l'UMP. Mais serait-elle applicable dans le contexte actuel ? Rien n'est moins sûr.
Jean-Pierre Raffarin, Francois Fillon et Jean-François Copé, lors du séminaire de l'UMP sur l'économie, le 18 décembre au siège du parti à Paris (Photo Martin Bureau. AFP)
publié le 20 décembre 2013 à 18h14

Cette fois, c'est promis : si elle revient au pouvoir, l'UMP en finira avec les 35 heures. Et même avec toute durée légale du travail. Le premier parti d'opposition préconise en effet de renvoyer au niveau de l'entreprise la négociation sur le sujet : c'est-à-dire sur le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, aujourd'hui fixé à 35 heures par la loi. Mais si elle était aujourd'hui au pouvoir, la droite oserait-elle appliquer dès maintenant sa promesse ? Rien n'est moins sûr, pour plusieurs raisons, dont les principales sont détaillées ci-dessous. Prise séparément, aucune n'est insurmontable ; considérées ensemble, elles forment autour des 35 heures une épaisse ligne de défense.

C’est dangereux pour l’emploi

A quoi bon augmenter le temps de travail lorsque les carnets de commandes sont vides et le chômage au plus haut ? «Aujourd'hui, beaucoup d'entreprises sont en sureffectif, rappelle Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). En Europe, la plupart des pays ont diminué leur temps de travail, notamment en développant les temps partiels. En France, la loi sur la sécurisation de l'emploi adoptée cette année facilite également cette solution.» Certes, si le projet de l'UMP était appliqué, rien n'interdirait aux entreprises de négocier… une baisse du temps de travail. Mais l'on parierait volontiers