Menu
Libération
Grand angle

A Brooklyn, travail contre nourriture

Article réservé aux abonnés
Coopérative alimentaire fondée par quelques idéalistes en 1973, la Park Slope Food Coop compte aujourd’hui 16 400 adhérents, auxquels elle vend des produits de qualité à des prix imbattables. En échange de 2h45 de boulot par mois.
New York, le 5 décembre 2013. Matt, membre de la coopérative depuis quinze ans, effectue ses heures de travail au poste de livraison. (Photo Pascal Perich)
publié le 22 décembre 2013 à 17h06

La supérette sise à Park Slope, à Brooklyn, relève du plus pur style branché bio new-yorkais. On y fait ses courses sur un air de Lou Reed, vaquant entre des étals offrant 25 sortes de tofu, des barils regorgeant de grains de café, des sachets d'épices à gogo, des fromages européens, du pain frais, quantité de fruits et légumes d'une qualité et d'une fraîcheur rares à New York. Dans cette caverne d'Ali Baba bobo, on trouve aussi, nécessité faisant loi, quelques incontournables des supérettes américaines : jus de fruit en bouteille plastique, banals paquets de chips, beurre de cacahuète et autres denrées qui n'ont rien d'écolo. En soi, rien d'extraordinaire, sinon que tout, y compris l'onéreux bio, est proposé à des prix imbattables : de 20% à 40% moins cher que dans les magasins de la ville. Ce petit miracle commercial a sa recette. Coopérative alimentaire réservée à ses seuls membres, elle est fondée sur un modèle économique original né de l'esprit communautaire des années 70, dopé par le «boboïsme» des années 90 et mûri par la crise des années 2000.

«Un calcul économique simple»

Park Slope Food Coop a ouvert en février 1973 dans un immeuble typique en briques rouges, situé au 782 Union Street. Le quartier était alors peuplé d'immigrés, d'ouvriers et d'artisans italiens, irlandais, afro-américains et juifs. Aujourd'hui, Union Street est devenue une rue commerçante où se succèdent les restaurants, les