Dany Lang
(photo DR)
est professeur d’économie à l’université Paris-XIII-Nord. Il est animateur de l’axe «mondialisation finance et inégalités» du centre d’économie de Paris-Nord (CNRS) et membre de l’association des «économistes atterrés». Selon lui, il n’y aura pas de baisse du chômage sans une remise en cause de l’austérité.
La France a-t-elle une chance de sortir un jour du chômage de masse ?
Certainement pas en poursuivant les politiques mises en œuvre depuis une trentaine d’années et qui ont été intensifiées après la crise de 2008. Le chômage est avant tout un problème macroéconomique. Son haut niveau n’est pas, contrairement à ce qui est souvent martelé, dû au fait qu’une partie des chômeurs refuseraient de travailler ou encore que les incitations au travail seraient trop faibles. La dépression historique qui s’est déclenchée en 2008 a aggravé le fait que l’économie ne créait pas assez d’emplois. Elle en crée encore moins à cause des politiques d’austérité.
Autrement dit, il faudrait dépenser plus pour favoriser l’emploi ?
Oui. Il faut avoir le courage de dire qu’il faut dépenser plus maintenant, que c’est une façon de lutter contre le chômage et les inégalités. La dépense publique est le seul levier qui permette de faire une politique contracyclique.
C’est-à-dire ?
Lâcher la bride de la dépense publique en période de récession et se préoccuper de la dette en période d’expansion. La dépense publique est d’autant plus urgente que les dépenses privées, comme la consommation et l’investissement des entreprises, sont déprimées.
Vous soulignez l’importance de la macroéconomie. Dès lors, faut-il craindre de futurs dangers ?
Nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux enchaînements macroéconomiques. Je pense au risque