André Zylberberg
(photo DR)
est directeur de recherche au CNRS. Ce spécialiste du marché du travail plaide pour une remise à plat du système d’apprentissage des jeunes.
Peut-on, avec une croissance «anémique» depuis des années, inverser durablement la courbe du chômage ?
Le chômage n’est pas lié à la croissance. En théorie, et dans un monde sans la moindre contrainte, une situation de plein-emploi sans croissance est concevable. Mais empiriquement, on sait qu’il faut un peu de croissance pour créer des emplois. Mais le «un peu» n’est pas identique dans tous les pays. En France, il en faudrait 1,5%. L’Allemagne a créé des emplois en 2008, 2009 et 2010, alors que son PIB reculait.
Pourquoi une telle différence ?
Les mécanismes du marché du travail n’ont rien de comparables entre la France, l’Allemagne, l’Espagne ou la Suisse. Le problème du chômage français est essentiellement lié à la non-qualification des jeunes. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, notre coût moyen du travail, qui englobe toutes les charges, n’est pas très éloigné des autres pays avec lesquels nous pouvons nous comparer. En revanche, le coût du travail au niveau du salaire minimum est l’un des plus élevés de l’UE. Et c’est justement ce coût qui pèse sur les employés non qualifiés ou sur les jeunes.
S’agit-il d’emplois délocalisables ?
Non. Cela concerne l’hôtellerie, le commerce, les services à la personne…
Comment s’en sortent les autres pays ?
En évitant un salaire minimum pour tous. Les pays du Nord n’ont pas de Smic. Lorsqu’ils existent, ces types de rémunération sont négociés au niveau des branches. Résultat, leur coût du travail au niveau du salaire minimum est toujours plus faible qu’en France. D’