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TRIBUNE

Cessons de former des demandeurs d’emploi

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par Yves Monteillet, Spécialiste des stratégies locales de l’emploi et de la gestion des transitions professionnelles
publié le 29 décembre 2013 à 17h26

Les parcours professionnels sont discontinus, imprévisibles, chaotiques… C’est une réalité subie par de plus en plus d’actifs. Deux chiffres sont en apparence contradictoires : la forte croissance des CDD de moins d’un mois dans l’ensemble des embauches (près de 70% des contrats signés au deuxième trimestre 2013) et la part dominante de CDI dans l’ensemble des emplois, environ 75%. Un flux considérable de CDD très courts, un stock très majoritaire de CDI, quelque chose se joue dans le passage d’un statut à l’autre. D’où la nécessité de porter un autre regard sur l’emploi temporaire.

C’est bien ce qui frappe dans cette extension du domaine de la précarité : le décalage grandit entre les changements profonds et irréversibles du marché de l’emploi observés depuis des années et la manière dont nous continuons à percevoir et traiter le chômage. Car, pour tous, à commencer par ceux qui cherchent un emploi, le chômage reste une rupture, il est perçu et traité comme tel. Le chômage éloigne irrémédiablement de l’activité et, de plus en plus souvent, il exclut. Le chômeur est en dehors de la société des actifs, d’ailleurs on l’accompagne pour «l’insérer» ou le «réinsérer». Il est considéré comme une «personne en difficulté», quelqu’un qu’il faut écouter, soutenir, réparer. On apporte au chômeur des réponses avant tout sociales pour régler des problèmes de logement, de santé, d’argent… On se concentre sur ses difficultés personnelles. Ce sont des actions indispensables, mais elles sont