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Libération
Interview

«Une autre philosophie d’échange»

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Jean-Michel Servet, économiste, décrypte le développement des monnaies parallèles.
publié le 2 janvier 2014 à 20h36

Jean-Michel Servet

(photo DR)

est un spécialiste de la lutte contre l’exclusion financière. Il a notamment publié

les Monnaies du lien

(Presses universitaires de Lyon) et enseigne à l’Institut des hautes études internationales et du développement à Genève.

Que signifie la multiplication des monnaies locales ?

Ce n'est pas un phénomène nouveau. On en est à la troisième génération depuis les années 80. Les plus récentes, nées au tournant des années 2000, circulent sous la forme de coupons de différentes valeurs. Le terme «billet» est prohibé par la Banque de France. On les rencontre en France, mais aussi au Royaume-Uni ou en Allemagne. Elles s'acquièrent contre la monnaie ayant cours légal dans le pays. On dit qu'elles sont «gagées» ou «lestées» : leur équivalent en euros est déposé dans un établissement financier. Une mairie à Toulouse peut distribuer du sol-violette aux gens en difficulté. Mais, en règle générale, il faut verser une contrepartie. A Toulouse, c'est le Crédit mutuel ou le Crédit coopératif. A Nantes, ce sera le Crédit municipal [Ma tante, ndlr] pour le projet de soNantes. Ces monnaies permettent aux échanges de se faire avec une autre philosophie : produire et consommer local. Elles font la promotion des circuits courts, des produits bio et veulent dynamiser l'économie locale et même la langue comme au Pays basque.

Quel est l’impact de ces monnaies ?

Elles favorisent l'émergence de nouvell