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Libération
Extension du domaine de l'éco

Big brother is driving you

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publié le 5 janvier 2014 à 18h36

«Le déplacement est une nécessité, la vitesse un plaisir, la possession d'une automobile bien plus encore.» En écrivant ces lignes en 1968, Jean Baudrillard n'imaginait pas qu'un jour, le conducteur serait prêt à renoncer au volant pour se laisser conduire passivement par une voiture désacralisée, dévirilisée, privée d'enjeu statutaire. Mais pour la génération numérique, la voiture n'est plus cet étrange «objet irrationnel du désir social». Trop chère, associée aux embouteillages et au réchauffement climatique, elle se ringardise en tant que bien de consommation. Elle devient une solution de mobilité parmi d'autres qu'on loue, qu'on emprunte en libre-service ou en auto-partage. En 2013, les immatriculations ont chuté à leur plus bas niveau depuis quinze ans en France

(-5,7% à 1,79 million de voitures neuves, selon le CCFA). Et l'acheteur moyen de véhicule neuf a désormais plus de 50 ans en France, en Angleterre ou en Allemagne. Mais c'est bien «l'intelligence de la technique» qui est en train d'enterrer la civilisation de l'automobile telle qu'on la connaissait au XXe siècle. Des systèmes d'aide à la conduite et au freinage, on est déjà passé à la voiture qui fait son créneau toute seule. Le conducteur est de plus en plus déresponsabilisé au profit de la machine. Et sur le plan technologique, plus rien n'empêche l'avènement de la voiture 100% autonome, bardée de capteurs, connectée au réseau omniscient. Avec 800 000 km d'essai au compteur pour zér