Entre deux tunnels de zouk, la radio du bus crachote de la pub pour un chauffe-eau solaire en promo à 990 euros. Soleil, vent, biomasse… En termes d’énergies propres, la Guadeloupe est bénie des dieux, mais ce bout de France sous les tropiques reste prisonnier des hydrocarbures pour fabriquer son électricité et faire rouler ses véhicules.
Englué dans un énième bouchon, le chauffeur en a pris son parti, et préfère pester contre le nouveau décret fixant les prix des carburants. Il convoie un groupe de métropolitains à Bouillante, une commune de l’ouest de l’île, dont le sous-sol recèle des eaux à 250°C. Une centrale géothermique les pompe pour en faire de l’électricité. A la manœuvre, Bernard Hira, un ancien pilote de sous-marin nucléaire, à peine incommodé par l’odeur de soufre. Et si, en alignant ainsi des dizaines de Bouillante, nos départements d’outre-mer accédaient à l’indépendance énergétique ?
Facture. Leurs vastes gisements d'énergie renouvelable font d'eux des laboratoires tout indiqués pour expérimenter la transition qui nous désintoxiquera du pétrole, toujours plus cher, émetteur de CO2 et fauteur de troubles géopolitiques. Outre le soleil, chacun a son énergie verte de prédilection : géothermie en Guadeloupe, méthanisation de déchets en Martinique, barrages hydrauliques en Guyane, bagasse (résidu de canne à sucre) à La Réunion. Seul Mayotte, tout jeune DOM, semble à la traîne. Mais tous ont écrit leur feuille de route