Des pneus brûlent devant l’usine Goodyear d’Amiens-Nord. Du bon gros pneu agricole. L’énorme fumée noire monte au-dessus du toit de l’usine, promise à la fermeture. Mais, après vingt-quatre heures de rétention de deux cadres, le dernier coup de poker des Goodyear a fait long feu.
Le directeur de production, Michel Dheilly, et le DRH, Bernard Glesser, ont quitté les lieux vers 15h30, entourés par la police. Séquestrés depuis lundi matin, ils sont sortis hier sous les cris d'une centaine de salariés et une bousculade de caméras. «C'est vous les voyous, pas nous», scandent les ouvriers, conspuant «les charognards» qui fondent sur l'escorte avec écrans et micros, la barrière même pas ouverte.
«Prison». L'épisode a un goût âcre de fiasco. «On en a beaucoup discuté entre nous, rapporte Maxime, 38 ans. Il fallait les laisser partir pour ne pas rajouter de pénal à l'histoire.» Derrière le cortège, Mickaël Wamen, le leader CGT de l'entreprise, communique sur ce dénouement : «Le choix, c'était soit se friter avec les CRS, avec risque de prison pour chacun d'entre nous, soit les libérer.» Vingt-quatre camions de CRS attendaient sur la rocade.
Après sept ans de lutte pour leur emploi, émaillés de multiples procédures judiciaires, les Goodyear ont actionné la séquestration pour tenter d'arracher un maximum d'indemnités. «On a tout perdu en justice, alors on réclame une réunion pour obtenir plus. On s'étai