En lutte contre des moulins à vent depuis son lancement en 2008, l’aéroport «Don Quichotte» a fini par rendre l’âme : situé à Ciudad Real, à une heure de train rapide de Madrid, il vient d’être mis en vente, avec un prix de départ fixé à 100 millions d’euros, soit 10% seulement de son coût initial - et ses 70 salariés ont été mis à la rue. Une opération des plus ruineuses donc, mais emblématique des très nombreux investissements publics réalisés à grande échelle en Espagne pendant la décennie de la prospérité (1998-2008) et qui, aujourd’hui, après deux récessions, donne la mesure de la myopie mégalomaniaque qui régnait à l’époque.
On trouve donc en Espagne moult aéroports sans avions, ou si peu, des autoroutes payantes où les voitures sont rares, des voies de chemin de fer où, sauf sur certains tracés (Madrid-Barcelone, notamment), les wagons sont souvent vides, ou encore des télévisions publiques sans caméras ni retransmissions.
«Parabole». Les principaux acteurs de cette gabegie étaient les exécutifs régionaux et les caisses d'épargne (leur bras financier). Ces dernières, ayant dépensé à fonds perdu dans ces projets d'infrastructures, périclitent les unes après les autres depuis trois ans. Cette faillite gigantesque est à l'origine de l'aide de l'Union européenne, versée en juin 2012 aux banques et caisses d'épargne espagnoles, à hauteur de 40 milliards d'euros.