La SNCM peut-elle enfin se réformer et devenir viable ? La volonté semble là, mais on part d’assez loin. Au fil des ans, l’ex-entreprise d’Etat a développé une culture où le client passe souvent après les salariés. Les conflits ont miné la confiance du consommateur, et alimenté un millefeuille de mesures surprotectrices. Chaque bateau a cumulé statuts et avantages distincts et la masse salariale atteint aujourd’hui 100 millions d’euros, sur un chiffre d’affaires de 279 millions (avec les subventions). Un standard très au-dessus de ses concurrents.
«Jamais depuis dix ans la SNCM n'a réussi à aligner un exercice bénéficiaire», souligne une source chez Veolia. La perte d'exploitation tourne autour de 30 millions d'euros par an et devrait dépasser 45 millions en 2013. Les avances de trésorerie s'ajoutent aux prêts des deux maisons mères, Veolia et la Caisse des dépôts, soit 1,8 milliard qui pèsent dans les bilans. De son côté, l'Etat promet d'injecter 30 millions en prévision de l'exercice déficitaire de 2014, après les 20 millions versés en décembre.
La situation peut-elle évoluer ? Cela a déjà commencé, répondent direction et syndicats. «Depuis la privatisation, en 2006, cette entreprise ne cesse de se réformer», selon Pierre Maupoint de Vandeul, représentant (CFE-CGC) des officiers au conseil de surveillance. Les accords sociaux ont été dénoncés il y a dix-huit mois et un plan de sauvetage a été voté à près de 60% par les salariés. Il prévoit, en échange d'inv