La loi Hartz IV est une des mesures les plus décriées du système social allemand. 460 euros par mois et par adulte, 250 euros en moyenne pour les enfants : le montant de cette allocation de fin de droit ne permet pas de vivre décemment en République fédérale. Pourtant, bien des Européens de l’Est et du Sud se contenteraient de cette prestation sociale, dont le montant est souvent supérieur aux salaires de Pologne, de Bulgarie ou de Roumanie. Craignant de se voir déborder par une vague d’immigration de la pauvreté, Berlin décidait en 2012 de ne plus attribuer cette allocation aux ressortissants de 17 pays membres de l’Union européenne - dont la Grèce, l’Espagne et le Portugal -, qui ne chercheraient pas activement du travail en Allemagne. Seuls les travailleurs étrangers indépendants ou ayant exercé une activité salariée dans le pays peuvent prétendre aux minimums sociaux.
Une discrimination inacceptable aux yeux de la Commission européenne. Au ministère du Travail allemand, on sait de longue date que cette circulaire adoptée dans la plus grande discrétion a toutes les chances d'être sanctionnée par Bruxelles. «Cette clause est même à mon avis tout simplement contraire à la Constitution allemande, estime l'expert en droit social Thorsten Kingreen. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a statué à plusieurs reprises pour condamner les discriminations sociales liées à la nationalité.» Pour l'heure, Berlin attend avec inquiétude la décision de la Cour de Justice