L'analyse économique cherche à comprendre les manières dont les individus effectuent leurs choix, avant d'envisager les modalités de coordination de ces innombrables décisions. Naguère, le modèle dominant d'explication des comportements individuels s'appuyait sur la théorie du choix rationnel : il décrivait un homo economicus capable de déterminer, au sein de l'ensemble des choix possibles, ceux qui lui apportent le plus de plaisir et réduisent les désagréments. Selon cette tradition intellectuelle, si de mauvaises décisions sont prises, c'est que l'individu manque d'information sur les conséquences de ses actes ; ainsi, si les plus pauvres s'endettent trop, achètent à crédit pour financer des achats «impulsifs», et planifient moins efficacement leurs budgets, c'est que leur compréhension des conséquences financières est insuffisante : il conviendrait alors de développer l'éducation financière pour lutter contre ce cercle vicieux selon lequel la pauvreté nourrit la pauvreté.
Le manque de ressources matérielles qui caractérise la pauvreté peut également s'accompagner de la «double peine» d'avoir à payer des prix supérieurs pour les mêmes services. Par exemple, les loyers des petites surfaces sont, proportionnellement, plus élevés que pour les grands appartements. C'est la thèse intéressante développée dans un ouvrage récent par Martin Hirsch (1) pour expliquer pourquoi il est si difficile de sortir de la pauvreté.
Une explication alternative est proposée par