Le parfum de suspicion qui entoure les fichiers HSBC ne s'est jamais totalement évaporé… Hier, l'Agefi, quotidien financier suisse, en a ajouté une couche. Le journal révèle le contenu d'un rapport de l'Office fédéral de la police suisse datant d'août 2010. Il indique que Bercy (Eric Woerth en était alors le patron) leur aurait transmis une version caviardée des fichiers volés par l'ancien informaticien de HSBC Hervé Falciani, contenant les noms de plusieurs milliers d'évadés fiscaux français.
Patrice de Maistre, ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, avait par exemple été soupçonné d'avoir figuré sur la fameuse liste… Et d'avoir disparu par magie. «Ces éléments ne sont pas justes», a réagi hier le ministre français du Budget, Bernard Cazeneuve, s'appuyant sur un rapport parlementaire de juillet 2013 qui infirmait ces accusations. Le rapport des policiers suisses, que Libération a pu consulter, est pourtant accablant pour le précédent gouvernement.
«Sensible». L'histoire de ces dossiers explosifs remonte à début 2009. Le 20 janvier, ils sont saisis à Menton lors d'une perquisition au domicile de Falciani. Ils contiennent 127 000 comptes, dont 9 000 aux noms de résidents français. Le 3 février, la Suisse réclame à la France les listes volées. Elle ne les obtiendra qu'un an plus tard, le 21 janvier 2010. Entre-temps, Eric Woerth a déclaré la guerre aux évadés fiscaux et brandi sa liste des «3 000»