Menu
Libération
Récit

Dévaluation du peso : l’Argentine n’a pas changé

Article réservé aux abonnés
En l’espace d’une semaine, la monnaie locale a perdu 18% face au dollar. De quoi raviver le spectre de l’hyperinflation et de la crise de 2001.
A Buenos Aires, le 24 juin 2014. (Photo AFP)
par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 26 janvier 2014 à 18h46

«Avoir des pesos aujourd'hui, c'est comme marcher avec une glace en plein soleil : au bout de 100 mètres, tout a fondu.» L'humour noir argentin, aiguisé par une histoire de crises successives, est particulièrement corrosif ces jours-ci. La semaine dernière, le peso a fondu de près de 18% face au dollar, avec une accélération jeudi : moins 12% cette seule journée.

C'est la dévaluation la plus importante depuis celle subie lors de la terrible crise financière, économique et politique de 2001-2002. Lundi dernier, il fallait 6,72 pesos sur le marché officiel pour acheter 1 dollar (0,73 euro), contre 8,02 vendredi. Quant au «dollar blue» (ou dollar clandestin), né en 2011 après l'instauration d'une politique drastique de contrôle des changes destinée à limiter la fuite de devises, il a explosé à plus de 13 pesos. Les Argentins n'ont pas confiance en leur monnaie volatile et se rassurent en économisant en dollars. L'accès au billet vert restant très contrôlé, ils se sont rabattus sur le marché noir.

Virage. Ces derniers mois, le gouvernement avait répété qu'il éviterait à tout prix une dévaluation car, selon la présidente, Cristina Kirchner, celle-ci rendrait «les pauvres plus pauvres et les spéculateurs plus riches». Il a pourtant laissé dégringoler le peso. La Banque centrale a alors été contrainte d'intervenir en vendant près de 100 millions de dollars de réserves, un luxe pour l'institution qui n'a plus les moyens