Entre la France qui droitise sa politique économique et l'Allemagne qui gauchise (un petit peu) la sienne, l'idylle va-t-elle redémarrer ? Cinq semaines après l'intronisation, à Berlin, de la Grosse Koalition, Pierre Moscovici a déroulé hier le tapis rouge à ses homologues d'outre-Rhin, à l'occasion du Conseil économique et financier franco-allemand. Pour le ministre français de l'Economie, la nouveauté est de ne plus être seulement flanqué, sur sa droite, du redoutable grand argentier conservateur Wolfgang Schäuble, mais d'avoir maintenant à ses côtés le social-démocrate Sigmar Gabriel, superministre de l'Economie et de l'Energie.
En venant à Bercy, le président du SPD, dont c'était la première visite officielle en tant que vice-chancelier, donne un signal fort : les sociaux-démocrates ne laisseront pas le monopole de la politique européenne à la CDU d'Angela Merkel. Autre signe de cette occupation du terrain, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, l'autre poids lourd SPD de la coalition, a piqué à Schäuble son porte-parole, Martin Kotthaus, expert des dossiers financiers, pour en faire le chef de son département européen. En cette année d'élections européennes, socialistes français et sociaux-démocrates allemands défendent en chœur «une Europe de la croissance et de l'emploi», face à l'Europe de l'austérité incarnée par Merkel. Et Moscovici de décliner, hier, les dossiers que Paris et Berlin doivent pousser ensemble : «La croissa