Detlev Witte doit en être à sa cinq-centième manif. Chaque lundi, depuis des années, cet Allemand se poste dans le centre de Hambourg pour protester contre la pauvreté. Deux manteaux empilés, il porte autour du cou une pancarte «Hartz IV rend pauvre et malade !» du nom de la loi réformant l'indemnisation du chômage de longue durée. Les premières manifs - d'envergure nationale - ont eu lieu en août 2004. Depuis, le mouvement s'est essoufflé dans l'indifférence générale et Witte est parfois seul à manifester à Hambourg. Le 1er mars, les organisateurs des «Manifs du lundi» ont prévu de se retrouver à Kassel, dans l'ouest du pays, pour tenter de relancer l'initiative.
Pots de vin. A 300 kilomètres, Peter Hartz passera sans doute la journée au chaud, dans sa maison de Rehlingen-Siersburg, 15 000 habitants, près de la France. Lui aussi a tout perdu. L'ex-homme providentiel de Volkswagen et conseiller du chancelier Gerhard Schröder a été condamné en 2007 à deux ans de prison avec sursis et 576 000 euros d'amende pour corruption. Coupable d'avoir acheté les bonnes grâces du comité d'entreprise à coups de pots-de-vin et de voyages à l'étranger, parfois assortis des services de prostituées, aux frais de l'entreprise. Hartz vit aujourd'hui avec 25 700 euros de retraite par mois.
Dans ses rares interviews depuis sa chute, il rappelle toujours mal supporter que son nom soit devenu le symbole des inégalités sociales et de la paupéris