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Analyse

Entre dépôts et affaires, l’UE veut une frontière

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Séparation des activités, fin des transactions pour compte propre : la Commission européenne veut éviter les dérives des banques.
par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles
publié le 29 janvier 2014 à 21h26

Michel Barnier veut terminer son mandat sur un coup d'éclat : le commissaire chargé du marché unique a proposé, hier, d'interdire aux plus grosses banques européennes les «transactions pour compte propre», jugées purement spéculatives. Et d'imposer une filialisation des activités de marché les plus risquées (titrisation, produits dérivés complexes, etc.), afin d'empêcher toute contagion à la partie non risquée de la banque (celle qui gère les dépôts). Une sorte de «Glass-Steagall Act», ce texte américain qui a imposé en 1933 la séparation entre banques d'investissement et de dépôts.

«Un projet qui parle clairement aux opinions publiques, puisqu'il distingue entre la gentille banque, celle qui gère les dépôts, et la méchante banque, celle qui se livre à des activités de marché risquées, ironise Nicolas Véron, spécialiste des questions bancaires au think tank Bruegel. Mais aussi populaire que soit ce texte, on peut se demander s'il est nécessaire, puisqu'il n'est pas aisé de distinguer entre les activités bancaires. Les Américains, par exemple, ne sont toujours pas parvenus à mettre en œuvre la loi Volcker de 2009, qui interdit les transactions pour compte propre purement spéculatives dont s'inspire la législation européenne. L'union bancaire et le contrôle par le régulateur européen sont bien plus importants pour empêcher la répétition de la crise de 2007-2008.»

Bêtises.