Voilà des décennies que la société civile le souhaitait : la France va se doter d’une loi d’orientation et de programmation sur sa politique de développement et de solidarité internationale, dont le projet est débattu aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Entretien avec Pascal Canfin, ministre délégué au Développement et promoteur de la loi.
Est-ce une réelle réforme de l’aide aux pays du Sud ou un habillage habile ?
Pour la première fois, une politique gérée jusqu’à présent de façon discrétionnaire par l’exécutif passe sous le contrôle du Parlement. Cette avancée démocratique, basée sur la transparence, va permettre de tourner la page des pratiques anciennes.
A côté de la lutte contre la pauvreté, vous faites du développement durable une nouvelle priorité…
Si nous voulons lutter efficacement contre l'extrême pauvreté dans le monde, il faut intégrer la question de la soutenabilité environnementale. Car, comme le dit la Banque mondiale, la première menace sur la sécurité alimentaire, c'est un changement climatique non maîtrisé. L'Agence française de développement, l'opérateur pivot de notre aide publique, privilégie désormais le financement des énergies renouvelables et de l'agriculture familiale, ne finance plus d'OGM, de charbon ou de projets contribuant à la déforestation de forêts primaires.
Ce souci de verdissement ne se fait-il pas au détriment de la santé ou de l’éducation ?
Pas du tout. Par exemple, nous nous sommes réengagés à hauteur de 1,08 milliard d’euros pour financer le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Nous pouvons en être fiers.
Avec cette loi, la France comble-t-elle son retard par rapport au Royaume-Uni ou aux pays scandinaves ?
C’est le cas, en matière de lutte contre les inégalités entre hommes et femmes, entre autres. Nous actons dans la loi que 50% de nos projets devront contribuer