Menu
Libération
Interview

«La main-d’œuvre française n’est pas particulièrement compétente»

Article réservé aux abonnés
L’économiste Patrick Artus identifie divers facteurs expliquant le manque d’attractivité du pays, de la qualification des travailleurs à la rentabilité des investissements.
publié le 16 février 2014 à 21h16

Membre du Conseil d’analyse économique consulté par le Premier ministre, l’économiste Patrick Artus est directeur de la recherche et des études de la banque de financement et de gestion Natixis. Il livre son diagnostic sur les problèmes d’attractivité de la France.

La France pèche-t-elle en matière d’attractivité des investissements étrangers ?

La France a un problème récurrent de rentabilité du capital investi sur son territoire. Je ne parle pas du capital financier, qui consiste très souvent en des transferts de propriété sans création d'emplois, mais d'investissements directs dans l'industrie véritablement créateurs de valeur et de gains de productivité. Or, si on regarde ce critère, qui est le plus pertinent à mon sens, on constate que cette rentabilité est faible, de l'ordre de 6%, et que les montants le sont tout autant, autour de 1 milliard d'euros d'investissements en 2012. La moyenne dans l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques, ndlr] tourne autour de 10%, et la France est aujourd'hui à la traîne.

Comment l’expliquez-vous ?

Il y a beaucoup de raisons mais, pour aller droit au but, on pourrait dire que les entreprises n’arrivent pas à refléter leurs coûts dans leurs prix.

Que voulez-vous dire par là ?

Que la production française n’est pas assez sophistiquée et haute en gamme pour pouvoir vendre à des prix suffisamment élevés qui permettraient de dégager des marges suffisantes et d’enclencher un cercle vertueux. L’Allemagne, la Corée du Sud ou le Japon y parviennent, pas la France. Résultat, un pays comme l’Espagne est de train de grignoter des parts de marché parce qu’