Plus qu'ailleurs, faire grève lorsque l'on est salarié d'une ONG est un crève-cœur. La cause valant souvent sacrifice, il faut être au dernier stade de la colère, voire du désespoir, pour débrayer. C'est ce qu'ont pourtant fait vendredi, jour de la Saint-Valentin, les salariés de l'association Aides, pilier en France de la lutte contre le sida. Leur direction tente d'imposer un plan social de 65 personnes (sur 460) malgré des ressources (50% de subventions publiques et 50% de donations privées) en augmentation : 36,8 millions d'euros en 2009, 40,6 millions en 2012. La raison ? «Une baisse constante des financements publics sur les trois dernières années, indiquent les dirigeants dans un communiqué publié le 17 décembre. Réduits d'environ 5 à 10% par an, ces crédits n'ont pu être suffisamment compensés par les différents leviers de collecte de fonds privés déployés par l'association», poursuivent-ils.
Selon Renaud Delacroix, représentant de SUD santé sociaux (majoritaire avec 34%), cet argumentaire est «totalement fallacieux. Dans le livre 2 du plan social, la direction elle-même avoue que le total des fonds publics a augmenté de 434 000 euros entre 2010 et 2013 ! Certes, cet argent est désormais placé sous une contrainte législative qui nous empêche de l'utiliser pour les frais structurels, mais l'excuse ne tient pas. La réalité, c'est que la direction n'est pas compétente pour tenir la barre en ces temps d'austérité». Dès 2008, la Cour des comptes point