L’avocat Arnaud Gossement, spécialisé en droit de l’environnement, insiste sur la nécessité d’adopter des mesures préventives de long terme pour lutter contre la pollution de l’air.
La circulation alternée est-elle efficace ?
A très court terme, elle est indispensable. Quand elle a été testée en 1997, avec 20% de voitures en moins à Paris, la pollution avait baissé. En 1996, quand est passée la loi Laure sous le gouvernement Juppé - pas la première loi sur l’air mais celle qui s’applique toujours aujourd’hui -, il y avait un consensus droite-gauche général. Des Verts au PS en passant par le RPR, tout le monde disait qu’en cas de pic de pollution, la circulation alternée était la mesure la plus efficace à court terme. Ce consensus s’est fissuré, et cette mesure apparaît écologiste. Depuis 2009 et le reflux de l’écologie en France, le clivage est à nouveau plus net. Avant, on disait : «On peut être écolo, qu’on soit de droite ou de gauche». Aujourd’hui, quand une mesure est étiquetée écolo, elle suscite des réactions un peu primaires, notamment à droite.
Serait-ce une sorte de «pollutoscepticisme», lié à la montée du climatoscepticisme ?
On voit cela sur Twitter. Il y a une récupération de ce pic de pollution pour imposer une certaine conception de la transition énergétique sur le mode «ce n’est pas le modèle allemand, c’est-à-dire la sortie du nucléaire, mais au contraire le renforcement de la part du nucléaire, la lutte contre les énergies renouvelables…» C’est amusant, car c’est complètement à côté de la plaque. Sauf si demain on avait la possibilité de faire en sorte que tous les véhicules soient élec