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Interview

«Les citoyens veulent monter l’escalier environnemental marche par marche»

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Pour Pierre Radanne, spécialiste de la lutte contre le changement climatique, la pédagogie est plus efficace que les règlements imposés :
publié le 17 mars 2014 à 21h26

Ex-patron de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Pierre Radanne dirige le bureau d’études Futur Facteur 4.

Quels enseignements tirer de cette première journée de circulation alternée en France depuis dix-sept ans ?

L’urgence économique et sociale a relégué au second plan dans l’opinion française les questions d’environnement, d’énergie et plus largement de changement climatique. Le travail pédagogique de fond n’est pas réalisé par les acteurs politiques, administratifs et économiques, qui se contentent de prendre des décisions d’urgence. Sur la durée, les citoyens ont du mal à les suivre, même s’ils ont bien compris l’urgence de la lutte contre la pollution de l’air. Bien sûr, les Français concernés par la circulation alternée ont joué le jeu, mais de façon subie. Or, on aurait pu anticiper ce qui se passe. La marge de progression reste énorme.

Pourquoi la France souffre-t-elle d’un manque de vision globale sur la lutte contre la pollution et, au-delà, sur la transition énergétique et environnementale ?

Parce que le débat public, en France, reste très politique et très centralisé. Il faut attendre que la machinerie administrative centrale se mette en branle pour que les acteurs territoriaux et de proximité agissent. Le mouvement est donc systématiquement plus lent que dans les autres pays européens. Le retard français sur cette question trouve aussi sa source dans un déficit chronique de sensibilisation, d’information et d’acculturation à l’échelle locale.

Fiscalité toujours favorable au diesel, suspension de l’écotaxe qui aurait pu financer des alternatives de mobilité moins polluantes, hausse de la TVA sur les transports publics… La France marche-t-elle à reculons dans la lutte contre la pollution ?

Les évolutions ne peuvent se décréter de haut en bas, à coups d'injonctions. Sinon, on se trouve face à des résistances sporadiques, voire systématiques. Quand on ne mobilise pas tous les acteurs locaux, cela ne peut pas marcher. Lors du débat sur la transiti