C’est l’histoire de deux champions, les meilleurs dans leurs branches. Celle de deux hommes qui ont exécuté les ordres, qui ont servi le système, pour le meilleur comme pour le pire, et qui, un jour, ont atteint les étoiles. Comme l’acteur Tom Hanks, Forrest Gump dans le film de Robert Zemeckis, l’ancien trader Jérôme Kerviel a suivi la voie de ses maîtres. Quand l’un rencontrait le King Elvis Presley, l’autre passait avec succès un master management des opérations de marché. Quand l’un apprenait à démonter des fusils d’assaut, l’autre faisait ses armes à la Société générale, au sein de la division banque d’investissement et de financement (SG CIB) à La Défense, à Puteaux. Quand l’un combattait au Vietnam, l’autre accumulait des positions acheteuses sur les contrats à terme et dissimulait ces opérations en introduisant dans le système informatique de sa banque des opérations inverses fictives. Quand Hanks-Forrest servait l’Amérique hégémonique, Kerviel-Gump engraissait l’Empire de la finance mondialisée et du fric dématérialisé. En 1975, les Etats-Unis retirèrent leurs troupes et perdirent 716 milliards de dollars. Forrest Gump rentra au pays pour y gagner de l’argent dans le commerce de la crevette. Beaucoup d’argent. Puis, un beau matin, il jeta l’éponge. Il chaussa ses baskets, descendit les marches du perron de sa propriété et se mit à courir, trois années durant. En 2008, Kerviel fit perdre 4,91 milliards d’euros à son employeur, la Société générale. Lui affronta les af
Libé des écrivains
Jérôme Kerviel, Forrest Gump et nous
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par Marin Ledun
publié le 19 mars 2014 à 20h56
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