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La pyrale infernale des OGM

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Pioneer s’est engouffré dans une faille institutionnelle pour obtenir de l’UE l’autorisation de son maïs TC1507, qui lutte contre le nuisible.
«Tout ce que je touche me touche (God is Nivea)», une performance de l'artiste Jochen Dehn, en 2011. (Photo Blaise Adilon. Courtesy Jochen Dehn et Crèvecoeur, Paris)
par Emmanuelle Pireyre
publié le 19 mars 2014 à 18h36

Comment tu te retrouves devant cette assiette remplie d’une mixture d’OGM alors que tu avais bien dit que tu ne voulais pas ce menu ? Et comment tu vas désormais te promener dans des paysages d’OGM, quand ta conscience environnementale te pousse à repousser les produits phytosanitaires ?

Laissons de côté ton assiette pour l’instant. Regardons les champs. C’est le printemps, les agriculteurs commencent à avoir envie de semer le maïs, inquiets pourtant de la pyrale, un nuisible qui dévaste les plantations. Certains se laisseraient volontiers tenter par une solution pratique : un maïs transgénique sécrétant un insecticide antipyrale.

Depuis des années, Pioneer a demandé à la Commission européenne une autorisation pour ce maïs, le TC1507. Mais la Commission a laissé traîner : les OGM sont loin d’être un sujet porteur en Europe. S’il y a consensus, il est contre les OGM. On pourrait en faire un slogan qui nous réjouirait : l’Europe, un continent sans OGM. Mais on n’y pense pas, on a autre chose à faire, on oublie. Et pendant qu’on oublie, Pioneer a porté plainte auprès de la Cour européenne pour ce délai, et obtenu gain de cause : suite au vote au Conseil des Etats membres le 11 février, la culture du maïs Pioneer est autorisée dans l’UE. Bien que seuls cinq pays aient voté pour, la règle de la majorité qualifiée n’a pas permis de bloquer l’autorisation.

Barrages. Troublant vote démocratique où le non désiré advient, et où la réticence s'exprime