Le siège de la banque Raiffeisen, fleuron du savoir-faire financier viennois, donne sur le Stadtpark, un magnifique jardin public Belle Epoque, où l'on croise plus de golden boys munis de leur attaché-case que de familles en goguette. Imposant, ce building un brin rétro qui domine la vieille ville est devenue un pied-à-terre privilégié des hommes d'affaire. Raiffeisen, Erste, Bank Austria, autant de noms connus au-delà des frontières, qui doivent leur expansion disproportionnée à la confiance que leur témoignent de discrets globe-trotters : en dix ans, le nombre d'épargnants étrangers venus mettre à l'abri leur argent dans les coffres-forts viennois a été multiplié par deux, représentant un sixième des fonds déposés, à savoir la bagatelle de 53 milliards d'euros.
Quelle part de cette somme concerne des capitaux fuyant l’impôt ? C’est le secret le mieux gardé d’Autriche, mais différents acteurs évoquent le chiffre d’au moins 10 milliards d’euros pour 2012. Au total, 35 milliards appartiendraient à des citoyens de l’Union européenne - qu’ils soient résidents fiscaux en Autriche ou non. Une jolie somme pour un bien modeste pays, en taille comme en population, et dont les habitants sont aujourd’hui devenus, après ceux du Luxembourg, les plus riches de l’UE. Merci donc au secret bancaire, mis en place il y a presque deux cents ans sous la monarchie des Habsbourg mais salement dévoyé depuis par la finance globale.
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