«Si on voit le bout du tunnel ? Pas du tout ! Rien n'a changé. Il n'y a pas de boulot, les services publics sont réduits au minimum et aucune porte de sortie n'est en vue», fulmine Juan Sanchez, chômeur venu de Cáceres (Estrémadure) pour crier sa colère contre les mesures économiques du gouvernement Rajoy.
Samedi, à Madrid, quelque 100 000 personnes - professeurs, employés de santé, fonctionnaires ou encore retraités et étudiants - ont participé à la grande «marche pour la dignité». Dans la soirée, la manifestation a pris une tournure plus violente, avec de nombreuses échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre. Environ 90 personnes ont été blessées et une vingtaine d’autres arrêtées.
Précaires. Six ans après le début de la crise, l'Espagne se trouve toujours engluée dans un marasme économique. Et ce malgré l'euphorie du gouvernement conservateur qui se félicite d'avoir sorti le pays de la récession, annonçant sans cesse une prochaine reprise. Les données macroéconomiques évoquent ainsi un retour de la croissance - une prévision de 0,7% pour 2014 - et une légère amélioration des exportations - une hausse annuelle attendue de 5,5%. Mais au sein de la population espagnole, ces légers signes d'amélioration peinent à se faire sentir. Avec 26,6% de chômeurs fin 2013, la consommation des ménages reste en berne. «C'est encore plus dur qu'au début de la crise, témoigne Maria, aide-soignante sans emploi depuis trois ans.