«Cogito, ergo sum» : s'il était le grand contemporain de ce siècle numérique et non celui des Lumières, René Descartes reformulerait peut-être le fameux énoncé du Discours de la méthode par un iconoclaste «Je code, donc je suis.» Le mathématicien-philosophe traduirait aussi, sans doute, sa métaphysique dans la langue des algorithmes. Car à mesure que notre monde se numérise inexorablement, le code informatique tend à se substituer à l'écriture en tant que représentation universelle de l'expression, du savoir et de la pensée humaine. Le code n'est plus la langue secrète des geeks, il est en passe de devenir le nouveau langage vernaculaire de la civilisation connectée. Car le code est supérieur à toutes les écritures qui l'ont précédé depuis 5000 ans : c'est le premier medium permettant la communication homme-machine. Bientôt, ceux qui ne maîtriseront pas cette écriture de l'invisible numérique qui nous enveloppe, se verront interdire les métiers d'avenir. Et ces analphabètes digitaux risquent de former un nouveau lumpen cantonné à des tâches ingrates et subalternes. Quand ils ne seront pas remplacés par des robots… Se pose donc la question d'enseigner le code à l'école, dès le primaire, comme une langue principale et ultrasélective. Mais a-t-on vraiment pensé à la formidable transformation culturelle induite par ce diktat numérique ? Dans un livre paru aux PUF, Qu'est-ce que le numérique ?, le philosophe Milad Doueihi s'inquiète de
Éditorial
Je code, donc je suis
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publié le 24 mars 2014 à 11h46
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