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Billet

L’économiste, le Prix Nobel et les oligarques

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publié le 26 mars 2014 à 21h26

Les travaux de l'économiste Thomas Piketty (1) intéressent décidément au plus haut point les Américains. Après avoir fait la une du New York Times en compagnie d'Emmanuel Saez en 2012 pour avoir fait prendre conscience à l'administration Obama du creusement vertigineux des inégalités outre-Atlantique, son dernier livre vient d'être salué de manière élogieuse dans les colonnes du même journal par le Prix Nobel d'économie Paul Krugman. Paru il y a quelques jours aux Etats-Unis, le Capital au XXIe siècle, déjà traduit en neuf langues - dont le coréen et le japonais - et vendu à plus de 40 000 exemplaires en France, y est salué comme l'ouvrage «le plus important de l'année et peut-être de la décennie». Qualifié de meilleur expert mondial sur les questions de revenus et d'inégalités, l'économiste français fournit du précieux grain à moudre à Krugman pour étayer sa thèse d'une victoire de la «richesse sur le travail», dont le Parti républicain serait devenu, malgré ses dénégations, l'ardent promoteur. Car plus que l'incroyable richesse amassée en quelques années par des entrepreneurs talentueux comme le fondateur de Microsoft, Bill Gates, redevenu la première fortune mondiale, Paul Krugman s'inquiète que six des dix Américains les plus riches soient aujourd'hui des héritiers et non des «self-made» entrepreneurs.

Pour Krugman, qui démontre chiffres à l'appui comment les plus fortes réductions d'impôts sous l'administration Bush ont visé en premier lieu l