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Libération

Le développement de l’Afrique plombé par l’évasion fiscale

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publié le 31 mars 2014 à 20h16

L'évasion et l'évitement fiscaux coûtent chaque année à l'Afrique plus que ce que lui rapporte l'aide au développement. C'est le premier bilan tiré par le «Panel de haut niveau sur les flux financiers illicites» de l'Union africaine. Présenté à Abuja, au Nigeria, lors d'un sommet des ministres des Finances du continent, ce prérapport doit être bouclé fin juin. Mais il avance d'ores et déjà qu'entre 50 et 60 milliards de dollars (de 36 à 43,5 milliards d'euros) échappent ainsi aux Etats africains. «A l'arrivée, le continent reste englué dans la pauvreté», résume Thabo Mbeki, ex-président sud-africain et patron du Panel.

Selon le rapport, 30% de cette hémorragie auraient un lien direct avec des activités criminelles (drogue, traite humaines, etc.) et 5% seraient la conséquence de la corruption de fonctionnaires. Les 65% restants résultent donc de l'évasion, de l'optimisation ou de l'évitement fiscaux des multinationales. «[Cela prive] les pays parmi les plus pauvres d'argent vital pour payer les écoles, les hôpitaux et d'autres services essentiels», note le rapport. Effarant, ce chiffre s'ajoute à un autre, tout aussi dramatique, avancé par Action Aid en 2013. Selon l'ONG, 138 milliards de dollars échappent au continent chaque année grâce aux exemptions fiscales accordées aux multinationales par les Etats. La même ONG avançait en 2012 d'autres estimations, plus régionales. Ainsi, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie auraient perdu jusqu'à 8% de leur r