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Libération
Interview

«A Lyon ou Paris, on perd de 3,6 à 7,5 mois d’espérance de vie»

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Francelyne Marano, universitaire et membre du Haut Conseil de santé publique :
publié le 6 avril 2014 à 20h06

Depuis 2012, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe les gaz d’échappement des moteurs diesel parmi les «cancérogènes certains» pour l’homme. Une confirmation officielle qui n’a rien d’une surprise puisque, dès 1988, l’OMS voyait dans ces gaz des «cancérogènes probables». Au Centre international de recherche contre le cancer (Circ), on se souvient que la publication de ce premier avis avait à l’époque été précédée de pressions des constructeurs automobiles pour retarder ou scinder l’évaluation en deux parties : l’une aurait incriminé les vieux diesels et l’autre aurait donné un label «Clean Health» aux nouveaux. Refus du Circ. En 2013, ce sont les particules fines, émises notamment par les moteurs diesel, qui ont à leur tour été classées cancérogènes par l’agence spécialisée de l’OMS. Toxicologue et membre du Haut Conseil de santé publique, professeure à l’université Paris-Diderot, Francelyne Marano fait le point sur les nuisances du diesel.

Pourquoi les particules fines émises par les moteurs diesel sont-elles dangereuses ?

Les particules les plus petites - les PM2,5, dont certaines peuvent avoir un diamètre inférieur à un micromètre - pénètrent dans les bronches et dans les poumons jusqu’au niveau des alvéoles. Or, c’est au niveau alvéolaire que se font les échanges gazeux. Chez les plus vulnérables - les asthmatiques, ceux atteints de bronchite chronique ou qui souffrent de maladies cardiovasculaires -, le dépôt de ces particules peut provoquer une inflammation et augmenter les crises d’asthme, les difficultés respiratoires et les accidents vascul