Elle a fraudé, elle regrette, elle rembourse. Insuffisant. Laura (1), 29 ans, a reçu une convocation au commissariat. C'était il y a un an. Le conseil général a porté plainte contre elle pour avoir fait de fausses déclarations afin de bénéficier du RSA. Ils sont dix autres comme elle, poursuivis au pénal. Sauf que cette jeune femme frêle, aux cheveux tirés et au regard clair, est un «gros poisson» : on lui réclame 8 000 euros, deux ans d'indus. Alors que le préjudice moyen tourne autour de 3 000 euros. A l'époque, ses revenus sont maigres. La galère ? «Non, la misère ! Et ça fait dix ans que ça dure», corrige-t-elle, jetant un œil inquiet sur son fils en train de jouer à côté. Parfois, un contrat de caissière, jamais plus de deux semaines. Et toujours des temps très partiels. Le RSA lui permettait de joindre les deux bouts - «il y avait au moins ça de fixe», lâche-t-elle.
Visite surprise. Quand elle rencontre son compagnon, elle a déjà un enfant et en attend un deuxième. Il emménage dans son studio en périphérie de Strasbourg. «On s'est dit : on se déclare en coloc et on voit si ça passe…» Ça passe. Et ça dure deux ans. «Je l'ai mise en garde, mais j'ai fermé les yeux. A un moment donné, frauder était la seule solution», avoue sans détour Sandrine, l'éducatrice spécialisée qui la suit depuis des années. Dans son calcul, la CAF prend en considération l'ensemble des revenus du foyer. Lui est salarié, gagn