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Libération
Décryptage

L’euro fort, nouveau souci de la Banque centrale européenne

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Face au risque de déflation, le président de la BCE, Mario Draghi, brandit la nécessité de recourir à des «mesures non conventionnelles».
Des euros. (Photo images of money, CC BY (Flickr))
par Jean Quatremer, (à Bruxelles) et Nathalie Dubois
publié le 14 avril 2014 à 20h06

Accusée de ne rien faire contre le spectre de la déflation qui menace la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) se rebiffe. Son patron, Mario Draghi, a montré les crocs ce week-end pour prévenir qu’il ne laisserait pas la devise européenne continuer à s’apprécier plus que de raison. Après avoir sauvé l’euro en 2012, «Super Mario» part en guerre contre sa trop grande vigueur.

La BCE est-elle vraiment prête à agir ?

Les banquiers centraux sont comme des bergers : ils préfèrent guider les acteurs économiques et financiers à la voix, mais si nécessaire, ils ont des chiens pour mordre. Après avoir calmé les marchés d'une simple phrase en juillet 2012 - «la BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro» -, Mario Draghi répète l'opération pour contrer les anticipations de déflation, c'est-à-dire une spirale de baisses des prix et des salaires qui tuerait la croissance pour longtemps.

Samedi, à Washington, il a donc haussé le ton : il ne faut «pas être complaisant» face à la faible inflation (0,5% en rythme annuel en mars) et «un renchérissement [de l'euro] nécessiterait un nouvel aménagement de la politique monétaire». Une sortie fort inhabituelle car la BCE ne se mêle théoriquement pas des taux de change. L'institut d'émission juge désormais l'euro surévalué car cela ralentit trop l'inflation.

Outre la baisse de ses taux d'intérêt, la Banque centrale serait donc prête à mettre en œuvre de